"Rituel"

Mais au fait, pour ma culture personnelle, et surtout pour éviter d'être tenté de coller ça sur tout et n'importe quoi de chroniquable qui a des relents de mysticisme, c'est quoi, de la musique rituelle ?

Wikipédia définit ça comme la musique associé à des rituels religieux, puis en digressant largement, mais est-ce au delà de ça une scène à proprement parler ?

J'aurais pu poster ça sur le forum privé, mais vu qu'une réponse peuplée de noms alléchants -et dont je ne doute pas qu'elle poigne rapidement- est susceptible d'intéresser tout le monde, autant envoyer.

Hybryds, Sigillum S, Sleep Chamber, Cranioclast... C'est apparenté à l'indus, en général. C'est lancinant, gorgé de pouvoir et de concupiscence.

yep "dérivé" des scènes industrial / dark ambient / power electro, et non doom occulte où "rituel" fait plutôt office d'épithète.

edit : Megaptera, dans le genre, c'est assez accessible, pour commencer quelque part quoi.

J'ai peut-être déjà écouté du Sleep Chamber, mais peut-être que je confonds avec Skin Chamber.

Et du coup, la world music de rituel, si tant est qu'on puisse qualifier ça de "scène", ça touche ?

Rien à voir, niveau totalitarisme et terrorisme, Skin C et Sleep C ;)
World music ? T'as des exemples ? Quand je pense world music, je pense Afrique, Dom-Tom et Papouasie.  

La world music de rituel genre nyabinghi ? Dadawah ça a un coté Slow End si on veut oui ahah.

Ouais, c'est un peu l'idée  

Je pensais surtout aux chants ou musiques traditionnelles qui peuvent accompagner des cérémonies religieuses, ce dont traite en partie l'article de wikipédia, finalement.

Il est où saïmone, tiens ?

Chez Guts ? Ça fait un bout de temps que je ne l'ai pas croisé à Rennes aussi.

Ben ce que tu dis, ce serait du true rituel, plus que de la scène ritual. Oui, linguistiquement c'est du lourd.
Et Megaptera, c'est du death industrial.

Ouais mais est-ce que l'idée de la scène ritual, là, c'est pas justement un peu de faire de la musique destinée à des rituels religieux imaginaires, justement ?

Un peu en mode neofolk qui s'invente une culture occidentale.

Toutafé.

Yep aussi mais de ma vision des choses, quand tu choppes du ritual en "musiques modernes", t'as vite fait de retrouver avec des trucs plutôt Satan ou Cthulhu. Ces musiques sont presque sans racines, elles reposent rarement sur quelque chose de plus concret que du satanisme plus ou moins de fête foraine. Leur but, à mon sens, est de créer une atmosphère propice au recueillement noir (si jamais ça veut dire quelque chose) et/ou aux cultes des divinités noires (je parle pas des Vierges noires, hein :)). Après t'as la Sonic Black Magick de Valefor (cf Graves Of andras) qui repose sur de vrais concepts me semble-t'il. Et il y a de fortes chances qu'en faisant des recherches sur le "satanisme" (Encore une fois, je ne parle pas de l'animateur de cirque La Vey), tu trouves des indications quant à la musique la plus appropriée. 

Par contre, le neo folk est loin d'inventer une culture occidentale mais qui remet au goût du jour celle qui existait déjà. Question rituels, l'Europe n'a pas été avare...

Après faut voir la définition que tu mets derrière le mot rituel.

Et donc, Cold Meat Industry vieille période :)
Ou pour taper dans l'excellence récente: Aevangelist et son Omen Ex Simulacra (qui est étiqueté comme Abstract Death, death truc, death celà mais éminemment rituel).
Ou même le Dopesmoker de Sleep

J'ai testé ça et ça



Ca m'a pas trop aidé à cerner le truc, mais peut-être aussi parce que ça m'a pas fait grand effet.

On va persévérer un peu

Teste les vieux Hybryds, on fait difficilement plus rituel - bon, Sleep Chamber se défend bien, quand même.
Sur CMI, y a à peu près rien de ritual. Des ambiances rituelles, possible, c'est subjectif.

Vrai que les nuances entre death industrial, ritual, power electronic, harsh (etc.) sont infimes. Si on voulait faire simple on distinguerait 2 familles : ambient et industrial (3 avec DJ Bobo), les sous-catégories (qui sont de vraies catégories en soi) sont l'affaire de connaisseurs. J'ai beau m'y intéresser depuis mes 18 piges, en écouter plus ou moins régulièrement, parce que musicalement ça me parle () , je suis trop réticent à certaines postures pour me plonger réellement dans cet univers là, "conceptuellement" trop exigeant et élitiste à mon goût. Faut faire quelques concerts / messes / bals costumés pour se rendre compte que c'est le terrain de chasse d'éminents intellectuels crypto-NS, de fétichistes confirmés, de geeks amateurs de snuff-porn, et autres subtilités mondaines.

Cela dit, je constate, et ce depuis ma rapide rencontre avec la meuf de Pharmakon, que cette scène, comme toutes les autres, se démocratise progressivement. Aux concerts maintenant, t'as des pseudo-performers en licence d'arts pla, ça veut tout dire.

Bin, smplement, si le death industrial peut sonner rituel, parce que répétitivité et esthétique religieuse, il n'a aucune visée rituelle. Ce qui n'est pas tout à fait le cas  d'Hybryds et sleep chamber, qui sont plus dans la performance de rituel que dans l'esthétique simple.
Ca fait une certaine difference.

Mais du coup est-ce qu'il y a véritablement des critères musicaux pour cette scène ? Hormis le fait que tous les gus que vous citez ont plus ou moins un background indus au sens large ?
Car à vous lire on peut assez aisément rapprocher ça de la performance, à la différence qu'on attache une importance à l'habillage sonore, non ?

C'est une musique faite pour la performance, par définition, ou qui constitue elle la performance (performation ?).

... Du coup, oui, quand même, y a assez peu voire très peu de trucs auxquels ça s'applique réellement ici, comme style, et on l'applique tous, à commencer par moi, un peu abusivement - disons, comme je le vois du moins dans mon cas, lorsque donc il y a un peu plus que l'esthétique en jeu : pas pour Electric Wizard, quoi.

Ouais, bah après, du coup on pourrait considérer que y'a un côté très "ritual" dans SunnO))), par exemple, ça se tient. Surtout époque candélabres et tapis persans.

Enfin, si on range pas ça dans la catégorie bouffoneries inc. qu'évoquait Moiz plus haut.

Ca mériterait presque une étiquette "giallo", pour ces groupes de doom occulte ; quoique le doom occulte c'est du doom trad, non ?  

On en revient au point "ghoulish".

Le doom occulte, c'est Cathedral.

Votre mission : écouter The Black Law de Puritan et me dire si j'ai bien compris  

Hey, j'ai pas envie de mourir fée du logis (mal barré), à mon tour de poser une question : 

c'est quoi/qui la GOA et la psytrance ?

Sans réviser la bio, c'est un courant musical qui est apparu lorsque des soldats britanniques, expats en Inde à l'époque où c'était une colonie, se sont souvenu que la acid house de chez papa maman ça leur manquait un peu, tout en ayant profondément conscience du pays de post-religieux-krishna dans lequel ils se trouvaient.

Ça a commencé sur les plages de la côte ouest de l'Inde (dans l'état de Goa justement), où les soirées tech sunset beach à l'orientale ça cartonnait bien.
Et quand en plus les musiciens hippies locaux de 60 piges, adeptes des instruments folkloriques bizarres et des psychotropes inconnus s'en sont mêlé, ça a commence à vraiment dégénérer en Madchester du tiers-monde, et ça a donné la goa.

Aujourd'hui on utilise surtout le terme de goa pour les trucs les plus organiques et qui reprennent un peu l'esprit.
Et puis psytrance pour les dérivés plus cliniques et froidement psychés.

Si t'arrives à survivre à la vision de la pochette, je te conseille -histoire de faire original- le plus incontournable classique du genre : http://rateyourmusic.com/release/album/hallucinogen/twisted/
Bien polymorphe et Nausicaa-Miyazaki.
En plus il parle bien plutôt bien aux metalleux ou assimilés celui là en général. Donc aucun risque

Ah oui, histoire de compléter ma tirade, aujourd'hui y'a bien qu'Israel qui enfante encore des artistes dans le style, le reste du monde s'en tamponne complètement.
Sans doute un rapport aux enfants des expats d'Inde qui ont tenté la même après avoir été envoyés sur les plages du proche-Orient à un moment ou à un autre. Mais là j'hypothétise. Y'a peut-être d'autres facteurs historiques.

Gulo ? Moisi ? Je vous laisse le micro ?

Non non tu n'hypothèse pas, j'ai souvent vu des reportages des jeunes israéliens qui sortent de leur "service militaire" rempli de droits de l'homme et qui dure 2 ans et se retrouvent perchés à GOA, même aujourd'hui encore.

Pour moi la musique rituelle implique d'un côté comme vous dites une forme de satanisme pas abouti du tout et donc sans profondeur, un peu comme Electric wizard qui se donne une image rétro sataniste plus qu'un véritable fond. Mais c'est bien cool quand même.

De l'autre côté ça peut aller très loin, il faut savoir qu'aujourd'hui on est tous devenus incrédules mais avant il y avait beaucoup de matière à développer des rituels, à petite échelle comme à grande échelle, je pense par exemple à l'operation Misteltoe qui concernait Crowley. Mais au final rentrer là dedans c'est chercher loin, et pas forcément du côté de Satan. On peut aussi parler du Dragon rouge fondé par le mec de Therion par exemple.

Hybryds ou Cranioclast n'ont rien à voir avec Satan, ce qui s'appelle rien.